André Kertész au Jeu de Paume : une vie

Publié le par Emeline

Cette fois-ci, je ne vais pas attendre la fin de cette exposition pour vous en parler, un peu car je suis devenue une vraie pro (si, si!), beaucoup parce que j'ai été invitée à son vernissage ("big up", Cécile!). En avant-première ou presque, voici donc ce que j'ai pensé de l'exposition consacrée actuellement à André Kertész au Jeu de Paume :

Au premier étage de l'exposition, le spectateur découvre un André Kertész facétieux, poétique, à l'âme encore enfantine, fasciné par les possibilités infinies offertes par ce "joujou" qu'est son appareil photo. Format carte postale transformant les silhouettes en figurines de maquette, utilisation de miroirs déformants créant des "distorsions" à la fois drôles et étranges, expérimentations multiples avec son frère Jeno... le photographe s'amuse et le visiteur aussi.

S'ensuit l'âge de la maturité. Le ressenti, tellement cher au photographe, laisse alors parfois la place à la conceptualisation, comme l'illustre avec brio son travail sur les ombres portées en tant que figures de l'absence/présence du sujet. Nombre de ses images feront date dans l'avant-garde photographique française. Quant aux reportages qu'il réalise pour le magazine VU, ils amènent le photographe à déployer un savoir-faire nouveau, un "mode illustratif plus poétique que factuel"* éloigné du style documentaire alors à l'oeuvre. 

Puis vient le temps de l'"exil" new-yorkais, des années de solitude pour le photographe qui vieillit loin d'une Europe qu'il chérit mais qui est alors en proie à la montée de l'extrêmisme puis à la guerre. L'image intitulée "Le nuage égaré" et la série consacrée aux cheminées témoignent de l'isolement ressenti par le photographe pendant ces années américaines.

Heureusement, avant qu'il ne soit trop tard, André Kertész rentre à Paris où il retrouve la fougue et la poésie de ses premières années grâce au Polaroid, source d'innombrables "accidents techniques" tant prisés par celui qui se décrit comme un éternel "débutant qui découvre le monde encore et encore".

Le lien étroit établi entre le travail de ce photographe, aujourd'hui célébré pour son apport au langage photographique du XXème siècle, et sa vie, tantôt légère, tantôt grave, confère à cette exposition une force émotionnelle rare. A ne pas manquer. 

Kertesz_Nageur.jpg 

Nageur sous l'eau, Eztergom, 1917.

 

 

 Mondiran-Kertesz.jpg 

Chez Mondrian, 1926.

 

 

Andre_Kertesz.jpg 

Satiric Dancer, 1926.

 

* D'après l'expression de Michel Frizot et d'Annie-Laure Wanaverbecq, commissaires de cette exposition.

 

Texte : Emeline Collin.

Photos : André Kertész.

Publié dans Expositions

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